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Luttes anarchistes et féministes en Bolivie

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Message  Pti'Mat Mar 5 Jan 2010 - 15:54

Lutte : Luttes anarchistes et féministes en Bolivie.

Courrier international, 21 aout 2009

Des femmes qui ont toujours le dernier mot

Depuis 1992, le mouvement féministe Mujeres Creando dénonce le système patriarcal et la violence au moyen de graffitis bien sentis. Et le nouveau gouvernement d’Evo Morales n’est pas épargné.

C’est en parcourant les rues de La Paz, la capitale de la Bolivie, que l’on comprend le mieux l’histoire de Mujeres Creando [Femmes en train de créer], ce mouvement féministe anarchiste qui utilise la créativité et les graffitis comme instruments de lutte. “La femme qui s’organise ne repasse plus de chemises”, “Parce qu’Evo ne sait pas agir comme un père, il ne comprend pas ce que c’est que d’être une mère”… Voilà le genre de graffitis que ces femmes peignent dans les rues. Elles ne se considèrent pas comme des artistes, mais comme des “agitatrices de rue”. Depuis plus de quinze ans, le groupe est un modèle social en Bolivie, un modèle de rébellion et de dénonciation du système patriarcal et de la violence sous toutes ses formes.

Ses membres ont accusé les gouvernements néolibéraux d’avoir plongé la population dans la pauvreté et le chômage, et d’avoir, par le fait même, encouragé l’émigration massive vers l’Argentine et l’Espagne – en particulier celle des femmes, les “exilées du néolibéralisme”, comme les appelle María Galindo, membre fondateur du mouvement.

Elles dénoncent aujourd’hui les femmes qui se disaient féministes mais qui, absorbées par le nouvel appareil de l’Etat, se sont transformées en technocrates. “Le néolibéralisme se déguise maintenant en femmes avides de pouvoir”, écrivent-elles sur les murs. Elles accusent aussi le gouvernement d’Evo Morales d’avoir laissé passer toutes les chances d’un véritable changement social en Bolivie. Le patriarcat, pilier institutionnel comme l’Eglise ou l’armée, reste intact, estiment-elles. Car, en dépit des propositions faites par Mujeres Creando à l’Assemblée constituante, les femmes n’ont toujours pas obtenu le droit de disposer de leur corps. Elles ont donc écrit sur les murs : “Eve ne sortira pas de la côte d’Evo”.

Le mouvement est né en 1992, dans un quartier de la banlieue de La Paz, sous le nom de Comunidad Creando [La communauté qui crée]. Il s’est transformé, la même année, en Mujeres Creando. Il propose un féminisme non raciste dénonçant une élite de femmes privilégiées qui distinguent la sphère publique de la sphère privée et le travail intellectuel du travail manuel. Ses membres ont également accusé la gauche – d’où sont issues les trois fondatrices du groupe – de considérer la femme comme un objet.

Elles ont choisi de prendre l’anarchisme tel que le pratiquaient certains hommes et certaines femmes au début du XXe siècle en Bolivie. Elles ont réussi à bâtir des relations insolites et insoupçonnées entre des gens différents, et sont ainsi parvenues à créer un vaste tissu de solidarités, d’identités et de compromis. Ses membres sont lesbiennes, hétérosexuelles, mariées, divorcées, célibataires, étudiantes, employées de maison, prostituées, cadres, indiennes, métisses, jeunes, vieilles.

Leur influence n’est plus à démontrer. En 1997, le mouvement féministe a initié une grève de la faim décisive pour la libération de la Mexicaine Raquel Gutiérrez, emprisonnée sans procès pendant cinq ans pour avoir prétendument participé à un soulèvement armé. Ce qui a permis la libération, quinze jours plus tard, de tou(te)s les détenu(e)s accusé(e)s de subversion et victimes de retards de la justice – parmi lesquels le vice-président actuel, Alvaro García Linera.

“Aucune femme ne naît pour être pute”

En 2001, Mujeres Creando a orchestré une mobilisation de plus de cent jours, réunissant plus de 15 000 victimes d’usure bancaire et d’organisations non gouvernementales (ONG) accordant des microcrédits – à des taux d’intérêt supérieurs à 70 % – grâce à l’argent des dons.

En octobre 2003, le mouvement a initié une grève de la faim pour exiger la démission du président de l’époque, Gonzálo Sánchez de Lozada, déterminante dans la chute du chef de l’Etat à la suite de la révolte des secteurs les plus pauvres de la société.

Après sa création, Mujeres Creando avait besoin d’un endroit qui lui soit propre pour créer un espace social. C’est en 1993 que Carcajada [Eclat de rire], le premier centre culturel féministe et autogéré de la ville de La Paz, est né. Il s’adresse à toute la population en général. C’est à ce moment que sont nés les premiers graffitis, qui, depuis, ont été repris par deux ouvrages – Grafiteadas et Mujeres Grafiteando –, et la revue féministe Mujer Pública [Femme publique], qui a publié plus de 100 numéros. Par ailleurs, Mujeres Creando a publié plus de dix ouvrages, notamment Machos, varones y maricones [Machos, hommes et pédés] et Ninguna mujer nace para puta [Aucune femme ne naît pour être pute]. Mujeres Creando a également fait des incursions dans le domaine de la production audiovisuelle avec deux séries : Creando Mujeres [En créant des femmes] et Mamá no me lo dijo [Maman ne me l’a pas dit].

Les idéaux de Mujeres Creando se concrétisent aussi chaque jour au nouveau foyer autogéré de La Virgen de los Deseos [La Vierge des désirs]. Ce foyer offre des soins médicaux gratuits, une bibliothèque scolaire, l’accès à Internet, une salle vidéo pour visionner des films féministes, des salles de classe pour les ateliers et une grande salle à manger où se tiennent des réunions politiques et culturelles. La “maison de Mujeres Creando” accueille également Mujeres en Busca de Justicia [Femmes en quête de justice], un service juridique direct, sans bureaucratie, pour les femmes qui ont décidé de se sortir du cercle vicieux de la violence. En seulement un an, plus de 800 cas ont été traités. On y trouve aussi la garderie Mi Mamá Trabaja [Ma maman travaille], ouverte jour et nuit.
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Message  Pti'Mat Mar 5 Jan 2010 - 15:55

Des féministes graffeuses secouent la Bolivie

Blog Solidaridad Latina |

Julie Pacorel et Jean-Baptiste Mouttet

24/12/2009

Les Mujeres Creando, collectif anarcho-féministe, interpellent les Boliviens par des actions coup de poing.

“Si Evo (ndlr: Morales) avait un utérus, l'avortement serait dépénalisé et nationalisé”, “Il faut être courageux pour être pédé”, “Je veux me rebeller”... Dès notre arrivée à La Paz, nous avons remarqué ces graffitis culottés. Ils recouvrent les murs du quartier bohème de Sopocachi comme des rues populaires des hauteurs de la capitale.

La signature “Mujeres Creando”, littéralement “femmes en train de créer”, nous a intrigués. Elle nous mène jusqu'au quartier général de ces rebelles au féminin, le foyer “Vierge du désir”. Une grande bâtisse où tout le monde peut entrer prendre un café, regarder des films féministes, faire garder ses enfants, prendre des cours de radio ou chercher une aide juridique contre un mari violent ou absent.

Nous y rencontrons une jeune danseuse et son amie étudiante, un responsable de la “Coordination socialiste”, une actrice septuagénaire... Tous sont des habitués de ce refuge en rouge et noir, où l'un apprécie de pouvoir parler politique sans chuchoter, l'autre de pouvoir écrire des heures dans une atmosphère “stimulante”.

C'est exactement ce qu'ont recherché les Mujeres Creando lorsqu'elles ont investi cette maison. Julieta Paredes, l'une des fondatrices du collectif, jeune femme aux longs cheveux noirs, l'explique: “Les lieux institutionnels dans lesquelles les femmes peuvent parler, se faire aider, sont souvent froids et impersonnels. Nous avons voulu créer un espace chaleureux et ouvert, accessible à tous.” Le foyer est à l'image du groupe féministe et anarchiste né en 1992: insoumis à l'Etat, aux ONG et autres “organes reproduisant les schémas traditionnels patriarcaux.”
Prendre l'espace public

Plus qu'un mouvement de femmes, elles préfèrent se définir comme “des femmes en mouvement”. Les Mujeres creando prônent un féminisme intuitif, qui passe par une “prise de l'espace public”. “Avant nous, les femmes boliviennes n'avaient pas de place dans la sphère publique, pas de lieu pour faire de la politique, ou tout simplement pour dire ce qu'elles pensaient”, nous raconte Julieta. L'action ne passe pas par les politiques. Bien au contraire, les femmes entrées au gouvernement sont critiquées pour leur ambition passant avant la défense du “sexe faible”.

Les graffitis sont l'expression la plus aboutie de ce mouvement . Ils sont réalisés de préférence sur des bâtiments publics, et résultent d'un processus artistique: “Les graffitis doivent être esthétiques, agréables à l'oeil..., détaille-t-elle. Nous voulons donner un message positif, poétique ou provocateur. Le but est de faire réfléchir les Boliviens sur la société dans laquelle ils vivent.”

Une société dont tous les piliers sont visés. L'armée, l'Eglise, le gouvernement, personne n'échappe aux saillies des Mujeres. Même le président bolivien, Evo Morales, est épinglé. Pour le mouvement il n'y a, en effet, “rien de plus ressemblant à un machiste de droite qu'un machiste de gauche.” La politique menée par le dirigeant socialiste rechignerait à donner des droits aux femmes. L'avortement est par exemple toujours illégal sauf si cela doit être fait pour prévenir les dommages à la santé de la femme ou en cas de viol. Le président s'est d'ailleurs vu offrir une petite statuette le représentant portant un bébé, un balai à la main. Reconnu pour son sens de l'humour, Evo Morales n'aurait pourtant pas apprécié le clin d'oeil farceur.
Les pères irresponsables dans le collimateur

Mais ce ne sont pas seulement les grands de ce monde qui essuient les critiques. Tous les pères “irresponsables” de La Paz, la capitale, peuvent avoir la désagréable surpirse d'entendre leurs noms citées à la radio. Julieta s'en amuse: “Certains viennent jusqu'ici prouver qu'ils vont payer leur pension pour qu'on les retire au plus vite de notre liste.”

Des attaques qui ne laissent pas insensible la population. Alors que les Mujeres ont déguisé la statue du soldat inconnu lors de la fète des pères, elles ont essuyé des menaces, “On nous jetait des choses à la figure, on nous traitait de putes et de lesbiennes”, se souvient Julieta. Un épisode presque habituel dans la vie du collectif.

En parallèle, la reconnaisance va grandissante. De nombreuses femmes boliviennes se sentent soutenues. Leur service juridique, destiné à aider les femmes à s'echapper des violences du couple, a traité plus de 800 cas en un an. Le quotidien espagnol El Pais en s'y est pas trompé et les a désigné parmi les 100 personalités qui ont marqué l'année 2009 en Amérique hispanophone.
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