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La femme doublement exploitée

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La femme doublement exploitée Empty La femme doublement exploitée

Message  leia Mar 5 Jan 2010 - 13:41

Marx et Engels ont porté une attention particulière au sort fait à la femme en régime capitaliste. Tout en démontrant scientifiquement que la suppression de toutes formes d'oppression passe par la suppression de l'exploitation du travail par le capital, Marx et Engels n'en ont pas moins analysé les aspects spécifiques de l'oppression dont la femme est l'objet. Dans L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, Engels a montré qu'historiquement l'oppression de la femme ne coïncide pas avec l'apparition du capitalisme mais remonte aux sociétés fondées sur la division sociale du travail et la propriété privée, elle-même engendrée par l'apparition du surplus.

Aux premiers stades de l'humanité, et du fait du faible développement des forces productives, l'apport de l'homme par son travail extérieur était fort réduit et sa possession de moyens de travail petits et rudimentaires ne le plaçait pas en position de suprématie vis-à-vis de la femme. Les conditions matérielles plaçaient l'homme et la femme dans des conditions d'égalité : le travail domestique de la femme était aussi important que le travail "extérieur" de l'homme. Ce n'est qu'avec le développement des moyens de travail, et l'accroissement conséquent de la production, que le travail de l'homme revêtira une importance de plus en plus grande par rapport aux tâches domestiques et procurera à l'homme une situation sociale et familiale de domination sur la femme. Celle-ci sera en constante position d'infériorité.


"La même cause qui avait assuré à la femme sa suprématie antérieure dans la maison : le fait qu'elle s'adonnait exclusivement aux travaux domestiques, cette même cause assurait maintenant dans la maison la suprématie de l'homme : les travaux ménagers de la femme ne comptaient plus, maintenant, à côté du travail productif de l'homme ; celui-ci était tout ; ceux-là n'étaient qu'un appoint négligeable."

En retraçant l'origine de l'oppression de la femme, dans les sociétés fondées sur la division sociale du travail, Engels a pu également démontrer comment l'avènement du capitalisme et de la grande industrie a renforcé comme jamais auparavant l'oppression de la femme et son infériorité sociale tout en créant les bases matérielles de sa libération du joug domestique sous le socialisme. Nous reviendrons sur ce point capital de la démonstration matérialiste dialectique d'Engels.

Lénine a repris, tout en l'élaborant, la même analyse marxiste de la situation de la femme en régime capitaliste.

"Dans tous les pays civilisés, écrit-il, même les plus avancés, la situation des femmes est telle que c'est à juste titre qu'on les appelle des esclaves domestiques. Il n'est pas un seul État capitaliste, fut-ce la république la plus libre, où les femmes jouissent de l'égalité des droits pleine et entière".

"La femme demeure l'esclave domestique en dépit de toutes les lois émancipatrices, puisque les petites besognes domestiques, l'accablent, l'étouffent, l'abrutissent, l'humilient, l'enchaînant à la cuisine et à la chambre d'enfants, en gaspillant ses efforts dans un labeur absurdement improductif, mesquin, énervant, abrutissant et écrasant".

"La démocratie bourgeoise promet en paroles l'égalité et la liberté. En fait, les femmes, la moitié du genre humain, (s.n.) n'ont reçu nulle part, dans aucune république bourgeoise même la plus avancée, l'égalité juridique avec les hommes, nulle part elles n'ont été affranchies de la tutelle et du joug des hommes"

"L'instruction, la culture, la civilisation, la liberté, tous ces mots grandiloquents s'allient dans toutes les républiques bourgeoises, capitalistes, à des lois d'une bassesse sans nom ... qui consacrent l'inégalité de la femme, les lois sur le mariage et le divorce, l'inégalité des enfants naturels avec les "légitimes", les privilèges pour les hommes, l'humiliation et les offenses pour la femme".

Ces quatre citations suffisent à montrer que l'analyse de Lénine n'a rien d'une analyse de portée locale et conjoncturelle liée à la situation de la femme russe au début du siècle. Cette analyse, évidemment, n'a rien de commun non plus avec toutes les variantes du réformisme bourgeois qui prétend se "préoccuper" du sort de la femme pour le "soulager" à l'intérieur même du maintien d'une démocratie bourgeoisie "améliorée". Mais elle tranche aussi radicalement avec les préjugés de "marxistes" qui prétendent invoquer leurs principes pour nier le caractère spécifique de l'oppression de la femme.

Ces préjugés qui existaient dans le mouvement communiste au début du siècle et qui existent encore aujourd'hui sous des formes diverses invoquent notamment le fait que l'oppression de la femme ne pourra être supprimée que dans une société sans classes, pour mieux contester la nécessité de mener la lutte contre cette oppression dès maintenant.

En fait, loin d'opposer les principes fondamentaux du communisme à la reconnaissance de l'oppression particulière dont la femme est l'objet, le marxisme s'appuie sur ces principes pour comprendre cette oppression et dégager les conditions de sa suppression. C'est dans cette perspective, et suite notamment aux interventions de Lénine dans un entretien avec Clara ZETKIN que l'Internationale communiste, à son troisième congrès, définissait ses thèses sur le travail parmi les femmes en reconnaissant le caractère de "double oppression" dont celles-ci font l'objet.

Cette double oppression résidait dans le fait que les femmes, en tant que membres des classes laborieuses - c'est le cas de l'immense majorité d'entre elles - sont opprimées par le capitalisme, c'est-à-dire socialement, et d'autre part aussi sur la base de leur sexe, en tant que femmes, par les lois et le fardeau des tâches domestiques qui pèse exclusivement sur elles.

extraits du bouquin de Roch Denis les marxistes et l'émancipation de la femme (1976)
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