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laïcité, voile et position féministe

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laïcité, voile et position féministe Empty laïcité, voile et position féministe

Message  Audre Mar 23 Mar 2010 - 18:59

Féministes révolutionnaires, levons le voile !!!

Divers débats et positionnements actuels, qui, apparaissent comme des discours courants m’encouragent à militer dans le but d’éliminer l’ensemble des amalgames qui sont faits aujourd’hui sur la question du voile, de la laïcité, de l’oppression des femmes, de la lutte internationale des femmes, du féminisme révolutionnaire…

Actuellement, le débat sur le voile entremêlé à celui de la laïcité et du droit des femmes est présenté et médiatisé sous un angle précis qui apparaît chargé d’une stratégie de désinformation, de manipulation et de préservation d’une impossible organisation de la classe ouvrière.
Il semble essentiel de décrypter cette stratégie pour ne pas sombrer dans des analyses et des positions contre révolutionnaires c'est-à-dire ne s’inscrivant pas dans la satisfaction des intérêts de la classe ouvrière.
On nous bassine avec un discours pour l’interdiction du voile comme enjeu d’application de la laïcité et pour que la pilule soit plus douce quand on l’avale elle est enrobait par l’argument d’une mesure progressiste pour le droit des femmes. Les organisations militantes révolutionnaires se doivent de répondre à cela !!

Les stratégies déployées par la bourgeoisie pour désorganiser et diviser la classe ouvrière se présentent autour de plusieurs tactiques : celle de l’utilisation de la « laïcité » comme masque, celle du démantèlement des luttes par l’opposition des opprimées entre elles (racisme) et celle de l’infiltration des oppresseurs dans les luttes (tactique de l’apolitisme tendancieux).

Cette réflexion apparaît opportune pour tous et toutes les militants et militantes révolutionnaires car la stratégie de manipulation évoquée traduit une volonté d’empêcher l’organisation de la classe ouvrière, et, elle concerne aussi et surtout les féministes qui sont utilisées et instrumentalisées dans un argumentaire qui ne fait que pourrir et détruit la mobilisation collective pour la lutte des femmes. En espérant bien entendu que les deux protagonistes décrit ci-dessus ne soit en réalité qu’un seul et même individu !!

I/ Pouvoir religieux et pouvoir étatique, l’histoire des « ennemis » complices.

Je vais prendre un exemple historiquement ancien afin d’expliquer la permanence des stratégies d’imposition symbolique du pouvoir. Le Moyen Age a été marqué par une bataille féroce entre un pouvoir régalien et un pouvoir religieux. Eglise et Etat ont dû se heurter à une nécessaire collaboration d’intérêt afin d’assujettir le peuple. L’Etat en construction, ayant une volonté de s’organiser, de faire appliquer des lois et de les imposer devait faire en sorte que le peuple croit en ces lois. Ainsi, l’Eglise devenait le relai de proximité qui permettait de mettre en place des lois sociales sous couvert d’argument irrationnel, ceux de la croyance, de la volonté supérieur d’un tout puissant…
Cette « entente cordiale » entre les adversaires a permis le développement des deux partis et la légitimation des deux auprès du peuple. L’Etat a développé des administrateurs de proximité vis-à-vis du peuple, par exemple.

Séparation de l’Eglise et de l’Etat : une séparation administrative.

Cette séparation n’apparaît que symbolique. A l’heure d’aujourd’hui, nous pouvons observer la présence d’aumôneries dans des lycées publics, des financements publics pour des écoles privées, étrange conception de la séparation, non ?
A cette partie visible s’ajoute tout l’héritage du temps de l’absence de séparation ou toutes les pratiques individuelles étaient des prédictions religieuses, ou tous les interdits sociaux, sanctionnés par la loi civil étaient relayés par l’Eglise grâce à cette merveilleuse entente cordiale.
Alors, oui, je pense ne pas énormément m’avancer en disant que la laïcité française n’est que sur un bout de papier.
Notre fonctionnement social résulte d’une union de l’Eglise et de l’Etat en ce sens notre laïcité, cette neutralité tant revendiquée ne peut être qu’une neutralité catholique, religieuse !!

La laïcité : le masque de la bourgeoisie.

Lorsque le débat sur la laïcité se cristallise sur le voile, en réalité, à travers ce débat se réalise un affrontement entre la laïcité (dont la neutralité est la tradition catholique) et la religion musulmane.
Néanmoins, cet affrontement révèle d’autres confrontations. Comme cela a été mis en avant, l’union Eglise/ Etat était une stratégie d’assujettissement, de domestication du peuple. Ainsi, la continuité de cette union (de manière symbolique, à travers des pratiques, des habitudes, des comportements…) apparaît comme la même stratégie d’assujettissement du peuple, ce dernier ayant été incapable de s’en émanciper.
En ce sens, aujourd’hui, l’opposition face au voile apparaît comme l’instrument utilisé par la bourgeoisie pour se masquer derrière la laïcité dans le but de mettre en scène un affrontement raciste opposant la « culture » musulmane à la « culture » catholique .


II/ Diviser pour mieux régner : l’opposition des opprimées entre elles.

Je me réfère en grande partie au livre de Christine Delphy : « Classer, Dominer ».

Les discours féministes sur la question du voile sont très divers, certaines sont tranchées contre le voile car il est un outil de l’oppression des femmes, les autres sont plus réservées car elles dénoncent l’amalgame du débat sur le voile qui entremêle laïcité et position anti musulman, d’autres se gardent d’une position tranchée car le débat cloisonné dans des milieux intellectuels de femmes non musulmanes aboutirait à se risquer à parler à la place des actrices du débat, les femmes qui portent le voile.
Je crois que je fais partie de la dernière catégorie. Mon intervention a donc pour but à la fois de mettre en garde les féministes ayant une position tranchée antivoile mais aussi d’éveiller les attentistes (comme moi) à prendre en main cette interrogation mais dans un cadre révolutionnaire.

Christine Delphy met en avant dans son ouvrage l’enjeu pour les militantes féministes de ne pas sombrer dans un « impérialisme féministe » à savoir hiérarchiser les degrés d’émancipation et par cela créée une opposition d’émancipation entre les femmes « occidentales » et les femmes musulmanes. Je vous invite à lire les extraits de cet ouvrage cité ci-dessous :

« Toutes les féministes auraient dû s’alarmer de la « solution » proposée aux femmes arabes et noires. Cette « solution », qui n’est pas nouvelle, est résumée ainsi par Loubna Méliane, porte-parole de NPNS : il faut « aider les femmes des quartiers à quitter leur milieu et leur famille ».
Rien de moins. Or est-ce la « solution » que les féministes occidentales, que ce soit en France, en Suisse, en Belgique, ou ailleurs, ont prise pour elles-mêmes ? Et est-ce la « solution » qu’elles ont préconisée aux autres femmes avant de s’adresser aux femmes arabes et noires ? L’extraordinaire violence de cette « solution », présentée comme la seule, apparaîtrait clairement aux féministes si elles se mettaient une minute à la place de ces femmes dont elles parlent tout en refusant de parler avec elles .
La capacité d’empathie a été et demeure pourtant la « technique » féministe qui a le plus fait ses preuves. Le féminisme part d’un principe fondateur, qu’au-delà des différences de situation, les femmes ont quelque chose en commun : l’oppression patriarcale. Mettre cette théorie en pratique suppose de chercher ces points communs, et donc de se mettre à la place de l’autre femme et de considérer cette « autre femme » comme sa semblable, son égale. Les femmes arabes et noires à qui cette suggestion de quitter leur famille est faite sans arrêt, de façon explicite ou subliminale, sont en droit d’être offusquées.
Elles perçoivent très bien le manque d’empathie, l’incapacité d’identification, la position d’altérité absolue d’où provient cette suggestion. »


Il est donc net que cette position d’une avant-garde féministe de blanches plus malignes que ces malheureuses femmes arabes et noires apparaît comme l’outil d’un démantèlement d’une lutte internationale des femmes mais aussi d’un féminisme révolutionnaire à travers une approche coloniale de la question du féminisme. La division raciale de la classe des opprimées ne peut qu’entretenir une volonté de satisfaire des intérêts différents : des intérêts de races et ainsi aboutir à l’impossibilité d’une même lutte de classe de sexe et de classes sociales.
Comme le met en avant Christine Delphy il s’agit donc aux féministes révolutionnaires d’ouvrir les yeux et d’agir dans l’intérêt de la classe des opprimées-és et par cela de lutter contre tous les réflexes de l’oppresseur : l’assujettissement de l’opprimée-é et son maintien dans le silence :

« Ce regard porté sur les Françaises d’origine immigrée, un regard qui les construit comme des êtres incapables de discerner le vrai du faux, le bon du mauvais : une population d’enfants qui ne peuvent que « se tromper ». Des enfants à la place desquels on doit décider, pour leur bien ; plus : imposer cette décision par la contrainte s’il le faut. Que des politiciens aient cette attitude n’étonne pas. Mais comment des féministes qui dénoncent le paternalisme des hommes, peuvent-elles ne pas voir que la même logique est à l’œuvre dans la prétention à « sauver » des femmes malgré elles et contre leur gré ? »

III/ Attention, l’oppresseur est dans nos rangs !!!

La stratégie de stigmatiser en racisant un débat, la stratégie de hiérarchiser la classe des femmes, la stratégie de s’emparer de la question de la lutte des femmes comme argument de culpabilisation ultime… Voilà, les stratégies de l’oppresseur, il nous oppose, il parle à notre place, il instrumentalise comme bon lui semble nos convictions, notre combat.
Cette lutte nous appartient et c’est ce que nous devons défendre. A nous de surveiller l’ennemi, à nous de définir nos positions, de les porter.
« L’apolistisme tendancieux » est aussi une de ces stratégies. Parce que la lutte des classes est politique, le féminisme n’est pas au-delà des clivages politiques, le féminisme est politique.
Pour cela nous devons nous organiser collectivement et politiquement afin de décrypter les stratégies de l’ennemi et ainsi renforcer l’union collective de la classe opprimée.
Pour cela, il nous faut le définir : l’homme, le blanc, le bourgeois, le religieux, l’hétéro. Alors, attention car il peut être tout à la fois ou seulement un élément !
Ce que nous savons c’est qui nous voulons défendre, l’opprimée-e !
Notre combat ne peut s’inscrit que dans cette base fondamentale et ce positionnement politique selon lequel fondamentalement l’opprimée-é et l’oppresseur ont des intérêts divergents. Ainsi, les opprimés-es ont toutes et tous un intérêt commun la fin de l’oppression qui n’est réalisable que par la destruction de l’oppresseur.

Le féminisme doit s’inscrire dans une logique révolutionnaire. Les féministes et les pros féministes doivent s’inscrire dans un positionnement politique de classe, chargé de réaliser la lutte des classes !!
Audre
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Membre du torchon brûle 87

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Message  scumgrrrl Sam 28 Aoû 2010 - 10:12

article intéressant qui date (2006)

Magritte rencontre Maghreb, ceci n'est pas un voile, de Judith Ezekiel
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Message  poèsie 87 Jeu 23 Mai 2013 - 7:35

Et le quotidien des femmes voilées, qui doivent en plus se cacher lors de visites, où est-il dans tout ce verbiage politico-religieux ?
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